Ce que j’aurais aimé savoir à mes débuts en tant que graphiste - Partie 1

Crédit photo : Anne-Sophie Benoit

 

Je me suis lancée comme graphiste en 2018. Oui, ça ne date pas d’hier. Et si je devais faire un retour dans le passé, il y a plusieurs choses que je changerais dans ma manière d’entreprendre.

C’est normal. Après 6 ans d’expérience en tant que designer graphique, je sais aujourd’hui comment mener un projet de A à Z, comment facturer à ma juste valeur et comment gérer les critiques pour améliorer au maximum mes accompagnements.

Mais la Julie d’il y a 6 ans qui venait tout juste de débarquer dans le milieu du freelancing n’en était pas du tout au même point.

Voici ce que j’aurais voulu qu’on me dise quand je me suis lancée dans l’aventure entrepreneuriale. Et je pense que ces conseils peuvent s’appliquer aux graphistes, mais aussi à tout autre métier dans la prestation de service.

Bien évidemment, ce que je vous dis ici concerne uniquement mon expérience personnelle. Et j’ai tellement de choses à vous raconter que cet article sera découpé en deux parties.

Ici, on va surtout parler de :

  • Comment fixer ses tarifs quand on se lance.

  • Être à son compte, ce n’est pas faire QUE du graphisme.

  • Se nicher : bonne ou mauvaise idée au début ?

Bonne lecture !

Fixer ses prix n’est pas anodin et les tarifs bas ne sont pas nos amis

Aaaah le sujet des prix !

C’est sans aucun doute celui qui fait le plus peur quand on se lance dans le freelancing. Et même après plusieurs mois, voire plusieurs années d’entrepreneuriat, on peut toujours se demander si les prix que l’on pratique sont justes pour soi et pour sa clientèle.

Quand je me suis lancée, je n’avais aucune idée des prix que je devais pratiquer.

Surtout qu’au départ, on collabore principalement avec des proches ou des connaissances, on n’ose donc pas demander le “vrai” prix, surtout si ce sont des personnes qui permettent de se créer un portfolio par la suite.

Les prix des autres ne sont pas les vôtres

Quand j’ai débuté, j’ai fait ce que tout le monde fait : j’ai analysé les prix de la concurrence. J’en ai passé des soirées à éplucher les sites de designers qui proposaient à peu près la même chose que ce que j’avais envie de faire.

Puis j’ai sorti la calculette, j’ai fait une moyenne et j’ai mis un prix en dessous. Afin d’être certaine d’attirer des client·es.

Sur le moment, ça me semblait stratégique de fonctionner comme ça.

Surtout dans une société qui pousse toujours à rechercher le prix bas.

Sauf qu’avoir un prix peu élevé fait qu’une personne quelque part en paie les coûts. Et c’est sans aucun doute la graphiste derrière.

Parce qu’être à son compte, ce n’est pas comme le salariat : le chiffre d’affaires (et donc la rémunération) rentre à partir du moment où les projets sont terminés. Plus vous avez de collaborations et plus vous aurez d’argent.

Avoir des prix bas risque de vous faire travailler très rapidement et de ne pas rendre du travail de qualité en plus de devoir courir après le temps. Vous allez aussi devoir multiplier les projets pour vous tirer une rémunération convenable, ce qui peut devenir compliqué à gérer.

Surtout, le prix d’une autre personne ne justifie en rien le vôtre.

Vous ne savez pas pourquoi elle a décidé de partir sur ce montant. Et si vous ne vous appuyez que sur lui, vous aurez un référentiel biaisé qui ne sera pas forcément rentable pour vous.

Les prix bas ne sont pas une garantie d’avoir de la clientèle

Deuxième idée quand on se lance : ce n’est pas parce que l’on a des prix plus bas que la moyenne de son secteur que les prospects vont travailler avec vous.

Au contraire.

Repensez à vos derniers achats.

  • Est-ce que le prix était le seul critère de votre choix ?

  • Qu’en est-il de la qualité du produit ou du service ?

  • Et des valeurs portées par l’entreprise ?

  • Seriez-vous prêt·e à mettre plus cher pour avoir quelque chose qui correspond à 100% vos besoins ?

Je ne vous dis pas de mettre des tarifs extrêmement élevés dès votre lancement.

Je sais que les tarifs bas peuvent être une bonne manière de signer ses premier·es client·es pour se constituer un portfolio.

En revanche, si le prix est le seul critère pour que vos prospects fassent un choix entre différent·es prestataires, vous risquez d’avoir des collaborations infructueuses où les demandes de modifications sont incessantes, où les personnes ne sont pas forcément investies et difficiles à satisfaire.

Mes conseils pour fixer ses tarifs

Il existe différentes méthodes pour fixer ses tarifs :

  • Le taux horaire.

  • Le package ou forfait.

  • La valeur ajoutée.

Lorsque j’ai débuté, j’ai commencé en facturant au taux horaire.

Je calculais le temps que ça allait me prendre de créer une identité visuelle, un logo ou un autre projet visuel et je multipliais par mon taux horaire.

Petit inconvénient : plus je gagnais en expérience et plus j’étais rapide, ce qui voulait dire que j’aurais dû facturer moins qu’à mes débuts. Ce qui est illogique.

J’ai ensuite proposé différents packages qui sont devenus des offres bien définies avec des livrables fixes. J’ai estimé le temps que me prenait chaque prestation pour fixer mon tarif. En plus de gagner du temps pour l’élaboration du devis, je pouvais moduler mes offres et ajouter des options en fonction des demandes.

L’inconvénient ?

Le prix est le même en fonction de l’entreprise qui vous contacte, que ce soit un artisan local ou une PME avec une vingtaine d’employé·es. Pourtant, les besoins et les enjeux ne sont pas les mêmes.

Aujourd’hui je facture en me basant sur la valeur ajoutée apportée par mon travail et mon expertise. J’ai un prix minimum pour chacune de mes prestations, mais je réévalue le tarif en fonction des problématiques, des enjeux et de la taille de l’entreprise.

Collaborer avec l’artisan local ou la PME ne va pas demander la même organisation, les mêmes livrables ou la même énergie. C’est normal que le prix soit impacté.

Le plus important reste d’avoir confiance en ses compétences et en ses tarifs. C’est vraiment ce qui fait toute la différence lorsque vous allez annoncer le montant du devis à vos prospects.

Il y a d’ailleurs tout un module dans ma formation pour graphistes, The Design Flow, qui explique avec précision comment fixer ses prix sans douter. Je montre les détails de la méthode que j’ai moi-même mise en place, comment je les définis et comment je les argumente.

 

Être graphiste freelance ce n’est pas seulement créer des identités visuelles

Lors de mes premiers mois à mon compte, je suis tombée de haut : mon temps n’était pas dédié à créer uniquement des identités visuelles ou tout autre support de communication.

Je devais faire tourner mon entreprise.

Et ça, c’est clairement quelque chose que je n’avais pas en tête.

Parce que lorsque l’on est salarié·e, on effectue les tâches que l’on nous donne et qui concernent son expertise et c’est tout. On ne s’occupe pas de l’administratif de la boîte (sauf si c’est votre rôle), de faire la création de contenu pour la communication ou de nouer des partenariats pour de futures collaborations…

L’objectif principal quand on se lance dans l’entrepreneuriat ?

Avoir une entreprise viable et rentable. Et pour cela, il faut travailler sur ses prestations client, mais pas seulement.

Il ne faut pas oublier :

  • les tâches administratives

  • la comptabilité et la gestion des finances

  • la stratégie commerciale

  • la création de contenu

  • la gestion des projets en cours

  • la création d’offres et l’amélioration de celles existantes…

On peut vite se faire submerger par toutes les choses à faire si l’on blinde son emploi du temps de missions client du lundi matin au vendredi après-midi. En plus de garder un peu d’espace pour les imprévus, il faut aussi avoir du temps pour développer des fondations solides pour sa boîte et tout simplement avoir une vie en dehors de son business.

Pour ma part, je consacre en moyenne 1/3 de mon temps à mes projets clients.

Bien évidemment, ça dépend du fonctionnement de chaque personne, mais étant donné que c’est ma création de contenu qui fait connaître mes services et ma formation The Design Flow, il est important que j’y dédie du temps.

Essayez de mettre à plat vos besoins :

  • Avec vos prix, combien de jours pouvez-vous dédier à vos missions client pour ne pas courir après votre chiffre d’affaires ?

  • Quelles sont vos actions pour trouver des prospects et signer des contrats ?

  • Quels sont vos canaux de communication ?

  • À quel moment allez-vous gérer l’administratif et la comptabilité de votre entreprise ?

Même si vous venez de vous lancer et que vous êtes en micro-entreprise, il ne faut pas oublier que vous gérez une entreprise.

Par contre, attention à ne pas vous éparpiller !

Si vous préférez réseauter et rencontrer d’autres entrepreneuses en vrai avec qui collaborer, pas besoin d’être présent·e sur Instagram, LinkedIn, avoir une newsletter, un podcast ou une chaîne YouTube.

Soyez pro-actif·ve avec des actions stratégiques.

Par exemple, parlez de votre métier autour de vous, démarchez les entreprises que vous aimez et cherchez à rencontrer des personnes du milieu. Votre communication seule ne suffira pas au départ.

Crédits : Studio Kahi

Pas besoin de se spécialiser dès le début

Ah la fameuse question qui fâche : faut-il se nicher dès le lancement de son activité ?

Pour ma part, je ne pense pas. Et si je devais recommencer de zéro, je referais exactement ce que j’ai expérimenté depuis 2018.

Trouver ce que l’on aime faire avant tout et créer ses offres autour

Quand je suis devenue indépendante, j’ai fait le choix conscient de tester des projets très divers dans le graphisme pour voir ce qui me plaisait le plus.

J’ai donc réalisé :

  • Des projets de design UI/UX pour des applications mobiles et des interfaces.

  • Des sites web, chose que je fais encore aujourd’hui.

  • Des illustrations.

  • Des identités visuelles que je réalise encore maintenant.

Vous voyez, j’ai pris le temps de toucher à beaucoup de choses dans le domaine graphique pour voir ce qui me faisait le plus vibrer. Et c’est ce que je conseille à tous·tes les graphistes qui se lancent : essayez de voir ce qui vous anime et qui correspond le plus à vos compétences.

Aujourd’hui, je me suis concentrée sur la création de site web et les identités de marque stratégiques, car c’est l’aspect stratégie qui me plaît le plus. J’aime concevoir des univers de marque.

J’ai décidé d’y aller à fond pour me perfectionner et monter en compétences afin de proposer les réalisations les plus abouties à ma clientèle.

Il est possible de se nicher sans trop se nicher

Une fois ma spécialité métier identifiée, j’ai commencé à travailler avec une large gamme d’entreprises différentes. Et c’est aussi quelque chose que je conseille de faire : pas besoin de se nicher sur une cible en particulier dès le départ.

J’ai travaillé avec une entreprise dans le bâtiment, un cabinet d’architecte, un magicien (si si promis), une photographe et une coach en développement personnel avant de me tourner vers les entreprises du bien-être puis maintenant les marques lifestyle (mode, décoration, beauté).

Ne pas être trop spécialisée m’a permis de travailler avec des personnes qui m’ont beaucoup appris et qui ont des visions très différentes. Cela m’a surtout permis de mettre le doigt sur les typologies de métiers et les secteurs d’activité qui me parlent le plus.

Tout dépend de votre sensibilité.

Se nicher est une bonne chose, mais pas forcément au tout début de votre activité. Vous risquez de vous fermer des portes et de vous mettre la pression inutilement pour travailler uniquement avec un type de métier ou de cible.

Se spécialiser peut se faire par :

  • typologie de métier

  • besoin

  • avancement dans le milieu du business, par exemple : travailler qu’avec des entrepreneuses qui se lancent

Le plus important reste d’être à l’aise et de trouver du plaisir dans les collaborations que vous allez effectuer.

Voilà pour cette première partie, j’espère que ça a répondu à certaines de vos questions et que ça rassure certaines de vos appréhensions. Je sais qu’il n’est jamais simple d’évoluer seul·e dans le milieu de l’entrepreneuriat.

Et si vous venez de vous lancer en tant que graphiste et que vous aimeriez trouver une clientèle régulière pour devenir rentable, j’ai construit ce qu’il vous faut. Dans ma formation The Design Flow, je vous partage toutes les ressources, mes processus et mes outils pour développer votre activité sereinement.