5 erreurs qui ruinent le design d’un packaging + 2 études de cas
Concevoir le design d’un packaging peut être assez complexe et les erreurs sont rapides à arriver. Sauf que dans le domaine de l’emballage, ces dernières peuvent être fatales.
Manque de mentions légales, informations essentielles qui différencient de la concurrence, problème de cohérence et de stratégie… Certains oublis peuvent vous coûter cher, qu’importent votre secteur et le type d’emballage que vous concevez (bouteille, doypack, boîte, étui, flacon en verre ou en plastique recyclé, sachet kraft, pot, conserve…).
Découvrez les 5 erreurs qui peuvent réduire à néant vos efforts de conception de packaging et tout le travail réalisé sur son design.
Erreur n°1 : Ignorer l’importance de la cohérence visuelle du design
Commençons par la base : le design packaging que vous allez concevoir doit s’inscrire dans votre stratégie de marque. Il doit être beau, mais surtout rester cohérent avec votre identité visuelle et les autres produits de votre marque.
Ainsi, si les flacons de vos collections précédentes sont en verre transparent avec une grosse typographie colorée et fun, il vaut mieux éviter de créer des packagings en flacon opaque avec des étiquettes blanches et une police manuscrite.
On aura beaucoup de mal à reconnaître votre marque et cela vous desservira.
Étiquettes de flacons et packagings travaillés avec une logique et une bonne cohérence visuelle.
Pour éviter cette erreur de manque de cohérence, suivez ces 3 conseils.
1. Reprenez votre stratégie de marque, vos valeurs et votre message.
Allez chercher votre document stratégique et regardez comment l’âme de votre marque est traduite visuellement. Le design que vous allez créer pour le conditionnement de vos produits ne doit pas s’éloigner de cette dernière.
Demandez-vous :
Est-ce que l’on ressent les mêmes émotions, la même atmosphère et les mêmes valeurs quand on prend en main cette nouvelle gamme par rapport aux anciennes ?
Si votre cible devait décrire en quelques mots ces contenants, qu’est-ce qu’elle dirait ? Est-ce qu’elle utiliserait les mêmes mots en voyant d’autres articles ?
L’histoire et la poésie qui se dégagent est-elle similaire à ce que renvoie votre marque au global ? Y a-t-il une dissonance ?
Ce n’est pas toujours évident de se poser ces questions, c’est pour cela qu’avoir une stratégie de marque claire est un bon moyen de ne pas trop s’éloigner de l’essence de votre entreprise.
2. Gardez toujours en tête les éléments qui composent votre identité visuelle et suivez les recommandations dans votre charte graphique.
Votre identité visuelle se compose de couleurs, d’icônes et de polices bien définies. Ce sont ces dernières qu’il va falloir retrouver sur vos différentes présentations visuelles - même sur vos produits.
Pour créer votre design, ayez toujours devant les yeux votre charte graphique avec les éléments qui la composent. Vous n’aurez pas de mal à savoir exactement quelles images, quelles typographies et quelles couleurs adopter pour vos packagings. Même si vous avez envie d’ajouter des nouveautés, essayez de coller au maximum à cette carte d’identité graphique qui définit votre marque.
Par exemple, vous créez des cosmétiques naturels. Votre ligne directrice peut se retrouver dans le choix des matériaux bruts, des lignes épurées et des éléments graphiques organiques à condition que ces derniers soient utilisés sur d’autres supports de votre entreprise.
3. Demandez-vous si votre présence en ligne est en adéquation avec vos produits physiques.
La cohérence est absolument clé pour incarner votre stratégie de marque. Pour voir si ce fil rouge est bien visible, reprenez votre site internet et les réseaux que vous utilisez dans votre marketing.
Analysez et comparez l’ensemble afin de voir si tout est homogène. Il serait dommage de renvoyer une image haut de gamme sur votre site, mais fun et colorée dans vos posts Instagram et vos produits. Votre contenant doit s’insérer harmonieusement dans l’ensemble.
Vous pouvez même prendre des photos professionnelles de vos produits dans leur packaging et les comparer à vos visuels présents sur votre site et vos réseaux. S’il y a une incohérence ou un décalage, cela sautera aux yeux immédiatement.
Erreur n°2 : Mal hiérarchiser les informations sur l’emballage du produit
Crème anti-rides, crème de nuit ou crème pour peau grasse ? Si votre cible se pose la question en prenant votre pot en main, c’est que vous avez mal hiérarchisé les informations essentielles sur le packaging de votre produit cosmétique.
Votre cible doit pouvoir lire en un coup d’oeil :
Le nom du produit et sa spécificité.
Sa promesse ou ses avantages.
Sa catégorie (crème, huile, sérum, brume…).
Comment éviter de tout mettre en vrac sur le contenant ?
Déjà, identifiez les informations les plus importantes comme le nom, la fonction du produit, les labels de certification (bio, vegan, ecocert…) et la quantité en volume ou en poids.
Ensuite, définissez les informations secondaires à mettre à l’arrière du produit :
Les ingrédients sans oublier les conservateurs.
Les instructions d’utilisation et de conservation.
Certaines mentions légales, dont je vous parle juste après.
…
Concrètement, comment hiérarchiser toutes ces informations ?
Oui, ça peut sembler beaucoup sur un si petit espace. Mais comme pour une Tiny House, tout est une question d’organisation, de priorisation et chaque chose doit être à sa place !
1. Les informations les plus importantes à l’avant
Sur un packaging, c’est l’inverse de la photo de classe : les grands devant et les petits derrière.
Si vous deviez choisir deux informations à mettre en avant dès le premier coup d’œil, il s’agit :
Du nom du produit et sa spécificité (crème de jour, brume…).
Des bénéfices (hydratante, anti-âge, repulpante).
C’est intéressant de mettre ces informations en plus grand sur l’étiquette et vers le haut ou dans le premier tiers du produit. C’est la première chose que lira votre cible, et c’est d’ailleurs le sens de lecture occidentale qu’il convient d’avoir en tête quand vous placez vos éléments sur le design.
2. Utiliser des niveaux de lecture différents avec les typographies
Dans votre charte graphique, vous avez deux ou trois polices qui définissent votre marque. Je vous conseille d’utiliser la police principale pour le nom du produit et la police secondaire ou tertiaire pour les bénéfices par exemple. Et même si vous n’utilisez pas une typo différente, les informations secondaires doivent être en plus petit.
Les labels peuvent être intégrés avec des pictogrammes reconnaissables et se trouver plutôt dans la partie inférieure de l’étiquette.
Il ne faut pas oublier que l’étiquette doit rester aérée et agréable à lire. Parfois, il vaut mieux utiliser une icône ou un élément graphique pour faire passer un message qu’une longue phrase.
3. Les informations secondaires, c’est à l’arrière !
Votre cible doit comprendre tout de suite les bénéfices de votre produit et n’a donc pas besoin de lire les ingrédients immédiatement. Certaines informations sont donc à placer à l’arrière du contenant, comme les informations légales, les instructions, les ingrédients.
Le mieux reste d’avoir un bloc par type et de ne pas tout mélanger.
Cela se fait sur un travail des marges, de pictogrammes et d’espaces négatifs pour rendre la lecture fluide. Ainsi, les ingrédients peuvent se trouver au milieu de l’étiquette et jouer sur le gras pour mettre en avant les allergènes.
Erreur n°3 : Ne pas faire de tests d’impression (et perdre beaucoup d’argent)
Une des erreurs que je vois le plus souvent avec mes client.es, c’est ne pas faire de tests d’impression. Ignorer cette étape, c’est prendre le risque de lancer en production des milliers d’étiquettes au design bancal ou avec une information manquante.
Quelques tests impression pour vérifier la bonne lisibilité des informations, la mise ne page et le rendu des couleurs
1. Tester les couleurs et vérifier leur précision
En effet, le rendu sur votre écran d’ordinateur et sur papier peut ne pas être du tout le même. Repensez à ce rose un peu poudré qui était en réalité plus proche du saumon que d’un rose délicat.
Testez votre design en l’imprimant avec les paramètres exacts de l’imprimeur (CMJN ou Pantone). La différence avec l’écran vient du fait que ce dernier utilise le référentiel RVB pour présenter ses couleurs.
Imprimer avec ces paramètres permet de voir si les couleurs correspondent exactement à ce que vous avez en tête et à celles présentes dans votre stratégie de marque. Il est également possible d’essayer de calibrer votre écran pour avoir un résultat le plus proche possible de l’impression, mais le mieux reste de faire plusieurs tests physiques pour voir directement le rendu des couleurs selon le type de papier utilisé.
2. Vérifier la lisibilité des textes
Ce que vous pensez être grand sur votre écran peut se révéler être illisible sur votre packaging physique. Il est donc essentiel d’imprimer votre design en taille réelle afin de se faire une idée de ce que verra votre cible.
Cette police manuscrite et élégante peut vite se transformer en pattes de mouche une fois intégrée à votre étiquette. Tenez cette impression à une distance de 50 à 60cm pour voir les défauts, la lisibilité et les changements à apporter.
3. Valider l’harmonie sur le contenant physique
Maintenant que votre étiquette est imprimée en taille réelle, mettez-la sur votre produit ou cosmétique. Cela vous permet de faire une vraie mise en contexte et d’analyser ce qui fonctionne et ce qui fonctionne moins.
La cohérence entre les matériaux et le produit est-elle bonne ?
Les couleurs mettent-elles en valeur ce que vous vendez ?
L’étiquette est-elle équilibrée sur votre flacon ?
À vous de réaliser autant de tests qu’il vous paraît pertinent de faire pour valider définitivement le design de votre étiquette.
4. Anticiper les erreurs de découpe
Aoutch, une étiquette tronquée, ça fait mal. Mais quand ce sont vos 5000 impressions qui sont toutes rognées sur le même côté, cela fait perdre beaucoup d’argent.
Vérifiez vos marges de coupe et le bon alignement des textes, des pictogrammes, du logo et si les informations sont bien à jour AVANT d’envoyer à l’imprimeur. C’est mieux. Pour cela, mettez des repères de coupe sur vos fichiers et vérifiez si tous les éléments importants se trouvent à l’intérieur des marges de sécurité.
Votre design de packaging est primordial, car il joue sur la psychologie de votre cible. Vous n’avez que quelques secondes pour démarquer votre produit et faire en sorte qu’il soit bien visible parmi les rayons.
C’est également pour cela qu’il peut être intéressant de tester différents matériaux d’impression. Sans oublier votre stratégie de marque, encore. Par exemple, si vous renvoyez une image haut de gamme, un papier mat sera plus pertinent qu’une version kraft ou carton. Pensez également à la manipulation de vos produits, comme les crèmes de jour, et à la pérennité et résistance de votre packaging.
Erreur n°4 : Faire des allégations douteuses et des promesses trompeuses
Je sais, vous avez envie de vendre votre produit. Et je suis certaine que vous êtes convaincu·e de l’efficacité de vos cosmétiques. Mais les allégations trompeuses sont à mettre au placard et non sur l’étiquette présente sur votre futur emballage.
Cela risque de vous impacter (très) négativement. Surtout si vous êtes dans un secteur réglementé comme la cosmétique ou les compléments alimentaires où vous risquez même de vous prendre une sanction.
Avant de vous parler des mentions légales obligatoires à faire figurer dans votre design de packaging, voici ce que vous n’avez pas le droit d’écrire :
Des promesses miraculeuses.
Des effets bénéfiques trompeurs.
Des affirmations exagérées et non vérifiées scientifiquement.
Par exemple, si vous vendez un shampoing qui vise à réduire la chute des cheveux, vous avez le droit d’utiliser le terme “anti-chute des cheveux”. Cela sous-entend que votre produit ralentit ou freine la chute capillaire. Vous pouvez également mentionner le fait que votre shampoing aide la pousse de cheveux existants.
En revanche, vous n’avez pas le droit de dire ou de laisser entendre que votre produit est miraculeux, car il favorise la repousse de nouveaux cheveux ou qu’il est un remède contre la calvitie. C’est de la publicité mensongère qui induit votre cible en erreur.
Des expressions telles que “stoppe la chute des cheveux” ou “remède contre la calvitie” sont strictement interdites sur votre emballage.
Pour les produits solaires, par exemple, il n’est plus possible d’utiliser des termes comme “protection totale” ou encore “prévention durant toute la journée”.
Ces propos sont déceptifs, ternissent votre image de marque et amoindrissent la confiance de votre clientèle envers votre entreprise.
De même, certaines allégations peuvent induire en erreur et ne reposent sur aucune définition rigoureuse, c’est le cas des termes suivants (qui sont encore largement utilisés !) :
“Sans perturbateurs endocriniens”
“Sans parabènes”
“Sans allergènes”
“Hypoallergénique”
…
À savoir que la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) souligne que l’expérimentation animale pour les produits cosmétiques est strictement interdite par la réglementation européenne. La mention “non testé sur les animaux” est donc considéré comme abusive.
Erreur n°5 : Oublier les mentions légales et réglementaires sur le design packaging
Comme je le disais juste au-dessus, les cosmétiques et les compléments alimentaires sont des secteurs très réglementés. Et c’est normal !
Les informations à faire apparaître sur le design du packaging sont là pour protéger le consommateur et consommatrice et lui fournir les éléments essentiels à connaître en cas d’allergie, de mauvaise tolérance ou de régime spécial…
Étiquette produit des flacons de compléments alimentaires Bohaje avec la bonne intégration et hiérarchisation des éléments.
Crédits photo : Anne-Sophie Benoit ©
Vous avez donc l’obligation légale de mentionner sur le packaging de vos produits cosmétiques les informations suivantes :
Les ingrédients du produit où doit figurer le mot “ingrédients” en premier.
Les substances potentiellement allergènes qui doivent être visibles en gras et/ou soulignées.
Le numéro de lot (ou de référence) pour la traçabilité du produit.
Le nom et l’adresse de la personne responsable.
Le contenu nominal (en volume ou en masse) du contenant.
Les précautions d’emploi ou les conditions d’utilisation du produit.
La durée d’utilisation après ouverture.
L’étiquetage doit être clair pour rassurer votre clientèle dès la boîte ou l’emballage. Pour connaître toutes les mentions légales obligatoires à insérer sur votre étiquette, je vous conseille vivement de regarder la page dédiée aux cosmétiques sur le site du gouvernement.
Pour les compléments alimentaires, ces mentions légales sont un peu différentes. Il ne faut pas oublier :
Les ingrédients.
Les apports nutritionnels.
La dose journalière recommandée.
Les avertissements légaux.
….
Et même si tout cela a l’air très sérieux, ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas chercher à créer des packagings originaux pour vous démarquer !
2 études de cas pour comprendre les critères d’un bon packaging
Quels sont les critères pour concevoir un bon design de packaging ? Voici deux études de cas pour vous montrer quelles sont les choses à ne pas oublier.
H3 : L’analyse du design des complémentaires alimentaires de Bohaje
Lorsque Bohaje, une marque spécialisée dans les compléments naturels, m’a demandé de concevoir ses packagings, je savais que cela allait être un vrai défi.
Pourquoi ?
Parce qu’il fallait insérer harmonieusement toutes les mentions obligatoires, les ingrédients et la catégorie du produit dans le design. C’est loin d’être simple quand le packaging est un flacon avec une petite étiquette.
Intégration de l’étiquette sur un mockup pour se rendre compte du rendu avant de faire les tests impression.
Rendu final de l’étiquette sur le produit
Crédits photo : Anne-Sophie Benoit ©
Pour réussir, j’ai :
Fait (beaucoup) de tests pour hiérarchiser les informations et définir la bonne taille de typographie afin d’avoir un rendu esthétique et lisible.
Réalisé une disposition graphique qui mettait soit en avant les résultats (ex : Énergie Boost) ou en avant la plante utilisée (ex : Maca) ce qui permet l’identification immédiate du bénéfice recherché.
Misé sur la cohérence visuelle afin que toute la gamme s’insère dans la stratégie de marque de Bohaje.
Mais tout cela ne s’est pas fait en une seule fois.
Avant de faire les tests sur le design packaging, je suis allée en pharmacie analyser ce qui existe pour deux raisons :
Voir ce qu’il se fait sur le marché et m’en inspirer.
Comprendre ce qui fonctionne, le reprendre, mais surtout faire en sorte que la marque se différencie.
L’analyse packaging de Nokutch
Cet emballage n’a rien à voir avec la cosmétique ou les compléments alimentaires puisqu’il a été pensé et conçu pour un kit d’aménagement d’intérieur.
Coloré, minimaliste et dessiné, ce packaging est un peu plus simple à concevoir que le précédent, car il est plus grand. Surtout, les boîtiers en carton étant imbriqués les uns dans les autres, ils devaient tous avoir une cohérence visuelle et être pensés stratégiquement pour délivrer les informations primordiales sans devenir redondants.
Il fallait concevoir un design d’emballage qui soit attractif, qui suscite l’intérêt et qui présente le concept et le produit en un coup d’œil.
En effet, ma cliente a fait une campagne de crowdfunding pour vendre ce kit. Il était donc primordial que son packaging soit limpide pour donner envie d’en savoir plus et de financer sa réalisation.
Mockup permettant de voir tous les packagings côte à côté afin de s’assurer de la bonne cohérence et harmonie générale, de la bonne utilisation des couleurs dans les bonnes proportions.
Le plus important ici c’étaient donc les tests :
Pour concevoir la meilleure mise en page.
Pour choisir les couleurs les plus représentatives de l’univers de Nokutch.
Pour vérifier que l’impression allait être fidèle à la version numérique et ne pas devenir illisible sur papier.
Certains retours lors du crowdfunding étaient intéressants : c’était justement le design du packaging qui avait donné envie à certain·es client·es d’acheter le kit.
Ces deux exemples montrent bien la diversité des possibles quand il s’agit de concevoir le design d’un packaging. C’est un exercice complexe de par sa petite taille, mais que j’adore réaliser, car c’est un vrai défi créatif et stratégique.
Vous avez un projet de packaging pour vos produits cosmétiques, de compléments alimentaires ou autre secteur créatif et artisanal ? Prenez contact pour me parler de votre projet.